Casina
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La
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Aucéan
    La musique dans Casina     Casina
sur scène
 

              Afin de mettre la musique au service de Plaute, il m'a semblé que le choix musicalement le plus judicieux était celui de la simplicité. Si Plaute est vraisemblablement le Gérard Oury ou le Francis Veber de la Rome antique, alors Casina ne demandait pas de musique savante, mais une partition comparable à celle du Corniaud ou de La Chèvre. Donc, une musique proche du public, qui s'adresse directement à l'imaginaire en jouant avec certains clichés.

              Cela coïncide étroitement avec les choix de mise en scène. Nous ne cherchons pas à recréer le théâtre romain tel qu'il a pu exister (et sur lequel on sait fort peu de choses) ; d'une certaine manière, nous faisons semblant. De même, la musique ne prétend pas imiter la musique antique (sur laquelle on en sait encore moins) ; en revanche, elle joue avec l'idée qu'on s'en fait. Ce qui permet et même exige beaucoup d'anachronismes et de clins d'œil – autant que Plaute en a semé dans le texte de sa pièce. Lorsque Lysidame, le vieillard lubrique, chante à tue-tête son amour pour la jeune et belle Casina, on est alors transporté dans une comédie musicale sirupeuse comme Roméo et Juliette pendant trente secondes, puis on passe à autre chose. Quand les cuisiniers défilent avec leurs plats avant un festin, la musique évoque pendant une minute les solennités de la cour de Louis XIV, parce que cela parle directement à l'imaginaire, même si cela n'a aucune justification logique. De même, lorsque Plaute nous gratifie d'une parodie de grande scène tragique, nous convoquons des roulements de timbales et tout un lot de clichés wagnériens.

            Nous sommes donc dans un joyeux mélange, qui est avant tout un jeu sur les codes, ce qui permet énormément de fantaisie – exercice d'autant plus jubilatoire pour le compositeur qu'il laisse beaucoup de place à l'invention.

            Nous avons décidé d'associer aux personnages principaux un thème musical qui permet de les identifier immédiatement quand ils entrent en scène, mais aussi de compléter leur portrait ; la musique vient ainsi s'ajouter au texte et à la gestuelle pour caractériser très fortement ces types. Ce qui est intéressant, ici, c'est que l'absence totale de psychologie dans ce qui est avant tout une comédie des caractères permet aussi à la musique de suggérer, parfois, quelque chose de plus. La plupart du temps, elle sert à renforcer les caricatures, et de temps en temps, elle vient discrètement les nuancer. Ainsi, certaines harmonies viennent suggérer chez le personnage de Myrrhine une possible mélancolie, que Plaute n'a sans doute pas envisagée, mais qui font aussi tout l'intérêt d'un accompagnement musical : s'il se contentait d'enfoncer le clou, il serait, finalement, dispensable.

           Quant au choix des instruments, il s'est imposé de lui-même : les percussions pour le rythme, une clarinette pour la mélodie, une guitare pour les harmonies. Cet effectif réduit autorise la présence des musiciens sur scène, à laquelle nous tenions particulièrement. Ils y occupent un espace propre, mais la limite entre l'espace des musiciens et celui des comédiens n'est pas toujours hermétique : il arrive aux personnages d'interpeller les musiciens, et les musiciens à leur tour interviennent parfois dans l'action.

            Loin, très loin du show bien formaté où l'on chante en play-back, Casina est un spectacle vivant où tout peut arriver !



Hervé de la Haye, compositeur

 
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